La durabilité est passée d’une initiative volontaire à une obligation légale grâce à la directive sur les rapports de développement durable des entreprises (CSRD). Cette nouvelle réglementation, mise en place par l’Union européenne, oblige les entreprises à rendre compte de leurs pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).
La France, déjà leader en matière de reporting ESG, a été à l’avant-garde de l’adoption de lois plus strictes en faveur de la durabilité. Avec l’entrée en vigueur de la CSRD, les entreprises à travers l’UE et au-delà doivent désormais se conformer à des exigences normalisées en matière de divulgation ESG. Mais comment cette directive impose-t-elle réellement l’ESG, et quelles en sont les implications pour les entreprises ?
Qu’est-ce que la directive sur les rapports de développement durable des entreprises ?
Extension des exigences en matière de reporting ESG
La CSRD remplace la directive sur le reporting non financier (NFRD) et élargit considérablement le nombre d’entreprises tenues de divulguer leurs données ESG. Elle s’applique à :
- Toutes les grandes entreprises opérant dans l’UE, y compris celles non européennes ayant des activités significatives en Europe
- Les petites et moyennes entreprises (PME) cotées
- Les entreprises remplissant au moins deux des critères suivants :
- Plus de 250 employés
- Un chiffre d’affaires supérieur à 40 millions d’euros
- Plus de 20 millions d’euros d’actifs
Standardisation du reporting ESG
Pour garantir la cohérence et la comparabilité, la CSRD impose l’utilisation des normes européennes de reporting en matière de durabilité (ESRS). Ces directives définissent comment les entreprises doivent mesurer et divulguer leurs performances en matière de durabilité.
Audits indépendants et application de la réglementation
Contrairement aux cadres ESG volontaires précédents, la CSRD exige que les entreprises fassent auditer leurs rapports ESG par des organismes indépendants afin d’assurer leur exactitude. Les autorités de régulation peuvent imposer des amendes et des sanctions aux entreprises ne respectant pas les normes de reporting.
Comment la CSRD transforme l’ESG en obligation légale
1. Obligation de divulguer les données ESG
Les entreprises doivent désormais rendre compte publiquement de leurs pratiques en matière de durabilité, faisant de l’ESG un élément central de leur stratégie d’entreprise plutôt qu’une initiative marketing optionnelle.
Les divulgations requises incluent :
- L’impact environnemental, y compris les émissions de carbone et la consommation de ressources
- Les facteurs sociaux, tels que la diversité des employés, les conditions de travail et les politiques en matière de droits de l’homme
- Les structures de gouvernance, y compris les mesures anti-corruption et l’éthique d’entreprise
2. Le principe de double matérialité
Une caractéristique clé de la CSRD est l’approche de la double matérialité, qui oblige les entreprises à déclarer :
- Comment les enjeux de durabilité influencent leurs performances financières
- Comment leurs activités commerciales affectent l’environnement et la société
Cela garantit que les entreprises sont responsables non seulement de leurs propres risques internes, mais aussi de leur impact plus large sur la société.
3. Une responsabilité accrue grâce aux audits tiers
Les audits indépendants sont désormais obligatoires pour vérifier l’exactitude des rapports ESG. Cela empêche le greenwashing—lorsque des entreprises exagèrent ou déforment leurs efforts en matière de durabilité—et garantit que les données fournies sont fiables et véridiques.
4. Une influence au-delà de l’UE
La CSRD ne s’applique pas seulement aux entreprises basées dans l’UE, mais aussi aux entreprises non européennes ayant des opérations en Europe. Cela oblige les multinationales à s’aligner sur les normes de durabilité européennes, étendant ainsi l’influence de la directive à l’échelle mondiale.
Conclusion
La directive sur les rapports de développement durable des entreprises a transformé l’ESG d’une initiative volontaire en une obligation légale, forçant les entreprises à prendre la durabilité au sérieux.
La France a déjà démontré comment des réglementations strictes en matière d’ESG peuvent favoriser la responsabilité des entreprises, et la CSRD applique désormais ces principes à l’ensemble de l’UE.